Un foyer de brucellose à Brucella melitensis biovar 3 a été détecté en 2012 dans le massif du Bargy (Haute-Savoie) et concerne principalement la population de bouquetins des Alpes (Capra ibex), une espèce protégée. Depuis 2012, cette situation inédite a fait l’objet de mesures de surveillance et de lutte ainsi que de travaux de recherche basés sur des suivis démographiques et épidémiologiques de la population. Ces travaux ont montré que la dynamique de transmission est hétérogène, spatialement et entre classes démographiques : l’infection se concentre dans la zone cœur du massif et les femelles jouent un rôle prépondérant dans la transmission. Les résultats suggèrent en outre que la voie d’infection majoritaire est liée aux avortements et aux mises-bas brucelliques, la voie vénérienne jouant un rôle moindre. De 2012 à 2020, la séroprévalence de la brucellose chez les femelles en zone cœur a baissé de 50 % à moins de 15 %, et la force d’infection (taux auquel les individus sensibles s’infectent) a diminué. Une réduction de la taille de la population de bouquetins, liée notamment aux mesures de lutte, a été observée entre 2012 et 2016, avant une stabilisation autour de 370 individus. L’amélioration de la situation épidémiologique et l’accumulation des connaissances sur le fonctionnement de l’épidémie permettent d’envisager une stratégie de gestion adaptative pour gérer l’infection chez les bouquetins mais aussi pour les autres espèces sauvages et domestiques concernées ainsi que pour l’Homme.
Synthèse des foyers d’anémie infectieuse des équidés reportes en France entre 2017 et 2019 – publié le
04/06/2021
L’Anémie infectieuse des équidés (AIE) est une maladie virale qui affecte tous les équidés. Le virus responsable de la maladie appartient à la famille des Retroviridae, au genre lentivirus, comme le virus de l’immunodéficience humaine (VIH). L’AIE se manifeste souvent par des épisodes cliniques récurrents avec fièvre et anémie, associés à une virémie. Les animaux infectés asymptomatiques sont le réservoir du virus et sont contagieux.
La France a recensé neuf foyers d’AIE entre 2017 et 2019 (n=26 équidés séropositifs) dans des départements situés dans la moitié sud de la France. Parmi ces foyers, quatre primaires ont été découverts à chaque fois par la surveillance évènementielle (cas cliniques). La mise en place systématique d’une enquête épidémiologique dès la confirmation de la séropositivité d’un équidé a permis de dépister tous les équidés des structures touchées, ceux détenus dans les structures voisines et aussi les animaux contacts, afin d’identifier le cas échéant de nouveaux foyers et ainsi de limiter la diffusion du virus. Les foyers secondaires identifiés étaient souvent liés aux foyers primaires par le motif vente/achat d’équidés.
Le virus de l’AIE circule toujours en France ; il est donc important d’améliorer la surveillance de la population équine pour limiter la diffusion du virus en généralisant le dépistage volontaire lors de l’entrée d’un équidé dans une écurie, lors d’un achat d’équidé et lors de suspicion clinique en particulier pour les équidés peu suivis par les autres modalités de surveillance (suivi de la monte, ventes aux enchères, export).
[MRE] Fièvre catarrhale ovine en 2016: circulation du sérotype 8 en France continentale et re-émergence du sérotype 4 en corse – publié le
09/12/2020
Le virus de la FCO de sérotype 8 a de nouveau été détecté en France continentale en septembre 2015. En 2016, 1 456 foyers ont été détectés, soit dix fois plus qu’en 2015. La découverte de ces nouveaux foyers a fait évoluer la zone réglementée laissant en zone indemne uniquement 9 départements du nord et de l’ouest de la France. La quasi-totalité des foyers a été détectée dans le cadre des tests réalisés pour permettre la sortie des animaux mouvements de la zone réglementée. Comme en 2015, très peu d’animaux ont présenté des signes cliniques.
Une surveillance programmée a été mise en place en période hivernale (période d’inactivité vectorielle) pour permettre la reconnaissance des zones saisonnières indemnes (ZSI) puis une autre a été mise en place en période d’activité vectorielle dans les départements en zone indemne (ZI) et en pourtour de la ZI afin de connaitre l’évolution de la distribution géographique du virus et pourvoir maintenir la ZI. Ces différents dispositifs ont permis de faciliter les échanges commerciaux avec l’UE et les pays tiers.
En Corse, le sérotype 1 n’a plus été détecté depuis juin 2014. En complément de la vaccination obligatoire vis-à-vis du sérotype 1, la vaccination a également été rendue obligatoire vis-à-vis du sérotype 4 suite aux foyers de sérotype 4 détectés en Sardaigne en janvier 2016. Un foyer de FCO à sérotype 4 a été détecté en décembre 2016 en Corse-du-sud suite à l’apparition de signes cliniques évocateurs de la FCO chez neuf brebis. Les mesures de gestion sont restées inchangées étant donné que la Corse était déjà en territoire réglementé vis à vis de ce sérotype.
[MRE] Bilan de la vigilance à l’égard des pestes porcines classique et africaine en France en 2016 – publié le
09/12/2020
Dans un contexte épidémiologique où la peste porcine africaine (PPA) est présente depuis 2014 dans certains États Membres de l’Est de l’Union Européenne (Pologne, Lituanie, Lettonie, Estonie), et où la peste porcine classique (PPC) est toujours présente au sein de la population de sangliers sauvages en Lettonie, la démonstration du statut indemne de la France vis-à-vis de ces deux maladies et la détection précoce d’une émergence restaient les principaux objectifs de la surveillance menée en 2016.
Comme les années précédentes, la vigilance à l’égard de la PPC a reposé sur une surveillance programmée et sur une surveillance événementielle. La surveillance programmée est réalisée par sérologie en élevage de sélection-multiplication, et par sérologie et virologie à l’abattoir. La surveillance du cœur de l’ancienne zone infectée de PPC chez les sangliers dans l'Est de la France s’est poursuivie en 2016, basée sur la collecte volontaire d’échantillons pour analyse sérologique des sangliers tués à la chasse et l’analyse virologique des sangliers trouvés morts en nature.
La vigilance à l'égard de la PPA a reposé sur une surveillance événementielle.
Ainsi, en 2016, la surveillance programmée des pestes porcines chez les porcs domestiques et les sangliers en élevage a engendré six arrêtés préfectoraux de mise sous surveillance (APMS) tandis que la surveillance événementielle a abouti à un APMS. Par ailleurs, deux suspicions ont été enregistrées dans le cadre de la surveillance événementielle des pestes porcines chez des sangliers sauvages. Aucune de ces suspicions n’a été confirmée.
Évaluation des coûts liés aux dispositifs de surveillance de la fièvre catarrhale ovine en France continentale suite à la résurgence de 2015 – publié le
14/05/2020
La nécessité de disposer de systèmes de surveillance efficients des maladies infectieuses animales rend nécessaire des études sur le coût de ces dispositifs. L’objectif de ce travail était de quantifier les coûts de la surveillance de la fièvre catarrhale ovine (FCO) au sein de la filière bovine et du suivi entomologique à la suite de la résurgence du sérotype 8 de la FCO en France continentale en septembre 2015. Les honoraires vétérinaires ont été extraits des conventions départementales entre les professions vétérinaires et agricoles et de la réglementation, les coûts unitaires des analyses ont été fournis par laboratoires agréés et le volume de chaque opération a été obtenu du système d’information de la DGAl (Sigal), du Laboratoire national de référence FCO et du Cirad. Entre septembre 2015 et décembre 2016, le coût total des opérations de surveillance en filière bovine a été estimé à 14,4 M€ HT, incluant 8,6 M€ HT pour les dépistages pré-mouvements à la charge des éleveurs, 4 M€ HT pour les enquêtes programmées, 1,6 M€ HT pour la gestion des suspicions, et 148 k€ HT pour la surveillance évènementielle, prises en charge par l’Etat. Le coût des opérations de surveillance entomologique a été estimé à 214 k€ HT, payés par l’Etat. Ces estimations sont sous-estimées car elles ne prennent pas en compte les coûts liés à la gestion administrative et à l’animation du dispositif de surveillance bovine. La connaissance des coûts du système de surveillance est un travail nécessaire à l’évaluation coût-efficacité de chaque dispositif, et à l’identification des pistes d’amélioration pour répondre aux enjeux à la fois sanitaire et budgétaire imposés par des contraintes toujours plus importantes.
Surveillance des E. coli producteurs de shigatoxines (STEC) dans les viandes hachées de boeuf réfrigérées et surgelées mises sur le marché en France en 2016 – publié le
24/12/2019
Les Escherichia coli producteurs de Shiga Toxines (STEC) sont des bactéries zoonotiques d’origine alimentaire associées à des épidémies de grande envergure qui représentent un problème de santé publique de premier ordre. La viande hachée de boeuf contaminée par le contenu digestif des animaux porteurs et insuffisamment cuite reste une des principales sources de contamination de l’Homme. Le réservoir naturel des STEC est constitué le plus souvent par des animaux porteurs sains, et correspond plus particulièrement au tube digestif des ruminants. Bien qu’il n’existe aucun critère microbiologique réglementaire, une viande contenant une de ces souches est considérée comme « dangereuse ». Aussi, le plan de surveillance 2016 visait à établir le taux de contamination des viandes hachées de boeuf mises sur le marché en France par les souches STEC identifiées comme les plus à risque et, par conséquent à apprécier l’exposition du consommateur à ce danger ainsi que l’efficacité des mesures de prophylaxie mises en place par les professionnels.
Les résultats obtenus confirment que le taux de contamination des viandes hachées de boeuf est faible (0,3 % ; 3/876-IC95-[0,07-0,99%]) et du même ordre de grandeur que ceux obtenus précédemment, ce qui suggère que le risque d’exposition de l’Homme via la consommation de viande hachée de boeuf en France reste limité. Trois souches STEC O26:H11 ont été isolées dans les échantillons. Elles possédaient des marqueurs génétiques de virulence accrue. Trois des quatre souches AEEC (E. coli possédant le gène eae et non stx) isolées appartenaient au sérotype O26:H11 et une au sérotype O103:H2.
En 2017, la direction générale de l’Alimentation (DGAL) a poursuivi la surveillance de la contamination par les STEC des viandes hachées de boeuf surgelées au stade de la production.
Le système de surveillance des contaminants dans la chaîne alimentaire piloté par la DGAL: bilan de la campagne des plans de surveillance et de contrôle en 2015 et 2016 – publié le
24/12/2019
La direction générale de l’Alimentation (DGAL) du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation pilote un système de surveillance de la contamination des productions alimentaires. Le système fait intervenir et interagir de nombreux acteurs. Son objectif principal est de vérifier la conformité sanitaire des productions et de suivre les niveaux de contamination susceptible de se retrouver dans les denrées alimentaires.
En 2015 et 2016, environ 60 000 prélèvements ont été effectués dans toutes les filières et aux différentes étapes de la chaîne alimentaire et environ 800 000 résultats d’analyses ont été produits. Comme les années précédentes, les niveaux de contamination des denrées et des aliments pour animaux, et les taux de non-conformité évalués au regard des seuils réglementaires sont faibles. Les données sont exploitées d’une part par les autorités pour la mise en place des mesures de gestion immédiate du risque et d’autre part par la communauté scientifique pour la réalisation de travaux de recherche. Elles permettent par ailleurs aux autorités de communiquer sur leurs actions.
Au vu des résultats de 2015 et de 2016, le système de surveillance mis en place a montré son efficacité, malgré les contraintes réglementaires et méthodologiques, grâce à une implication forte des différents acteurs et aux importants efforts humains et financiers consentis. Afin d’améliorer la qualité et la valorisation des données produites, une application informatique pilote, développée dans le cadre du projet « Qualiplan » portant dans un premier temps sur les plans relatifs aux résidus de médicaments vétérinaires, de facteurs de croissance et de pesticides, va permettre dès 2018 de mettre à disposition de la DGAL, des services déconcentrés et des laboratoires nationaux de référence (LNR) un ensemble d’indicateurs de qualité relatifs à la complétude et à la cohérence des données.
APPORT DU RESAPATH POUR LA CARACTERISATION PHENOTYPIQUE DES RESISTANCES DES BACTERIES RESPONSABLES DE MAMMITES CHEZ LES VACHES LAITIERES EN FRANCE – publié le
28/03/2019
Les mammites sont les infections bactériennes les plus fréquentes chez les vaches laitières. Leur prévention comme leur traitement passent souvent par l’utilisation d’antibiotiques, ce qui peut favoriser le développement de résistances. L’objectif de cette étude était d’estimer les niveaux et tendances des résistances aux antibiotiques des trois principales bactéries responsables de mammites en France (Streptococcus uberis, Escherichia coli et les staphylocoques à coagulase positive). Les données collectées entre 2006 et 2016 par le Réseau de surveillance de l’antibiorésistance des bactéries pathogènes animales (Résapath) ont été analysées. Les tendances ont été investiguées par des modèles non linéaires (modèles additifs généralisés). Sur la période étudiée, quelle que soit la bactérie considérée, les niveaux de résistance étaient le plus souvent inférieurs à 25 %. Pour S. uberis, tous les niveaux de résistance étaient en augmentation au cours de la seconde moitié de la période d’étude. Chez les staphylocoques, toutes les tendances des résistances étaient stationnaires ou décroissantes, excepté la résistance à la céfoxitine qui a augmenté entre 2014 et 2016. Pour seulement deux combinaisons bactérie-antibiotique, le niveau de résistance a augmenté de façon continue de 2006 à 2016 : la résistance à la tétracycline chez S. uberis (atteignant 20,4 % en décembre 2016) et la résistance aux céphalosporines de troisième génération (C3G) chez E. coli (atteignant 2,4 % en décembre 2016). Cette dernière augmentation est particulièrement préoccupante car les C3G constituent l'une des dernières alternatives thérapeutiques pour lutter contre certaines maladies infectieuses graves chez l'Homme et sont qualifiés d’antibiotiques critiques par l’EMA.