Le botulisme est une maladie neuroparalytique due à l’action de la toxine botulique produite principalement par Clostridium botulinum. Anciennement classé en danger sanitaire de première catégorie, le botulisme fait actuellement partie de la liste provisoire des maladies d’intérêt national. Cette maladie peut entrainer de fortes mortalités et des pertes économiques importantes dans les élevages atteints. Le nombre annuel moyen de foyers de botulisme dans les élevages bovins en France confirmés en laboratoire sur la période 2009-2019 était de dix. En 2022, 35 foyers en élevage bovin ont été confirmés biologiquement. Une augmentation du nombre de foyers confirmés en laboratoire avait déjà été notée en 2020, confirmant une tendance à l’augmentation du nombre de foyers de botulisme bovin en France. Plusieurs hypothèses peuvent être émises pour expliquer cette augmentation et sont présentées dans cet article.
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Émergence de la maladie hémorragique épizootique en France en 2023
Le virus de la maladie hémorragique épizootique (MHE) transmis par les culicoïdes représente une menace significative pour le cheptel bovin européen. Initialement identifié aux États-Unis en 1955, il s’est propagé à travers le monde, touchant plusieurs continents, y compris l’Europe pour la première fois en 2022. En 2021, une souche de sérotype 8 (EHDV-8) non décrite auparavant a été détectée en Tunisie, puis signalée en Sardaigne, en Sicile et en Andalousie majoritairement chez les bovins. Au cours de l’été 2023, le virus s’est rapidement répandu dans toute la péninsule ibérique, puis au sud de la France.
Au 27 mars 2024 soit un peu plus de cinq mois après les premières détections en France, plus de 4 000 foyers ont été signalés dans 20 départements, mettant en évidence la rapidité de la propagation du virus. L’émergence de la MHE en France en 2023 soulève des préoccupations majeures quant à ses conséquences potentielles sur les ruminants domestiques et la faune sauvage, et souligne l’importance d’une surveillance constante, de stratégies de prévention efficaces et d’une collaboration internationale.
Comment l’organisation des acteurs locaux influence-t-elle la surveillance sanitaire ? Modèle pro-curatif vs. modèle pro-préventif
La surveillance évènementielle (i.e. la déclaration spontanée aux autorités vétérinaires des suspicions de maladies réglementées) est considérée comme la méthode la plus efficace de détection précoce des foyers de maladie. Néanmoins, des études ont montré que la surveillance évènementielle avait une sensibilité limitée du fait d’une sous-déclaration des cas, avec une variabilité entre des départements aux profils d'élevage bovin similaires. Nous avons donc posé l’hypothèse que l’organisation des acteurs de la surveillance dans les départements affectait leur contribution à la surveillance évènementielle. Nous avons mené une série d’entretiens semi-directifs avec des acteurs de la surveillance en santé animale dans deux départements. Notre analyse a débouché sur deux modèles socio-économiques : pro-curatif et pro-préventif. Ces modèles ont montré un lien entre le niveau de concurrence subi par les vétérinaires sur la vente de médicaments vétérinaires et la contribution globale des acteurs à la surveillance sanitaire. Nos résultats suggèrent que le modèle pro-préventif contribue davantage à la surveillance que le modèle pro-curatif, car l'information qui y est produite circule plus précocement et largement entre les différents acteurs.
Estimation de la date présumée d’une mortalité massive aigue d’abeilles à partir de la masse d’un échantillon de cadavres d’abeilles adultes : étude pilote
Dans le cadre de mortalité massive aigue d’abeilles, la démarche d’investigation s’appuie sur des examens cliniques et une enquête environnementale. La date de la mort peut apporter une information pertinente à ces volets de l’investigation mais n’est pas toujours facile à estimer. Dans la perspective de développement d’un outil permettant d’estimer la date de la mort des abeilles, nous avons conduit une étude pilote pour modéliser l’évolution de la masse de lots d’abeilles après leur mort et déterminé certains facteurs qui influencent cette évolution. Les résultats ont montré des effets de la sous-espèce des abeilles et de la saison pendant laquelle l’expérience était menée sur la masse des abeilles au moment de leur mort et après déshydratation. Le modèle et les variables utilisées sont discutés ainsi que l’influence potentielle de facteurs non pris en compte dans cette étude sur la cinétique d’évolution de la masse des abeilles après la mort.
Évaluation du Plan de Surveillance des Oléoprotéagineux (PSO) par la méthode OASIS
Le plan de surveillance des oléoprotéagineux (PSO), instauré en 2005 et coordonné par Terres Inovia, l’ITERG et Terres Univia, vise à garantir la sécurité sanitaire des oléoprotéagineux en permettant le partage d'informations au sein de la filière. Il repose sur une adhésion gratuite et volontaire des entreprises du secteur qui choisissent de mutualiser leurs données d’autocontrôles. Dans le cadre des travaux d’optimisation de la surveillance du cadmium en France, mené par le groupe « Cadmium » de la Plateforme de Surveillance de la Chaîne Alimentaire (SCA), le PSO s’est porté volontaire en 2022 pour mener une évaluation approfondie de son fonctionnement à l’aide de l’outil OASIS. Les résultats soulignent avant tout l’intérêt des partenaires pour le PSO qui répond pleinement à leurs attentes grâce à une diffusion régulière de l’information. Il permet d’obtenir un bilan élargi de la qualité sanitaire des oléoprotéagineux, facilite les échanges entre l’amont et l’aval et contribue à l’harmonisation des pratiques de surveillance. Des améliorations sont suggérées, notamment pour encourager la participation des entreprises de secteurs encore peu couverts et rendre le dispositif plus visible auprès des acteurs de la filière. Les recommandations formulées pourront être utiles à d’autres dispositifs de surveillance et ouvrir la voie à de futures évaluations OASIS portant sur la surveillance des contaminants chimiques dans l’alimentation.
Filière laitière caprine et ovine dans le Puy-de-Dôme et l’Ain : des caractéristiques favorisant potentiellement la transmission alimentaire du virus de l’encéphalite à tique
Le virus de l’encéphalite à tiques (TBEV), provoquant des infections neurologiques sévères chez l’Homme, est transmis à l’Homme par les tiques ou la consommation de produits laitiers non pasteurisés, principalement issus de chèvres et de brebis. En France, les suspicions et les cas de contamination alimentaire ont été rapportés uniquement en région Auvergne-Rhône-Alpes (AURA). Notre étude s’est intéressée aux caractéristiques des filières lait de chèvres et brebis dans deux départements de la région AURA, l’Ain et le Puy-de-Dôme, pour mieux appréhender le risque de transmission alimentaire de TBEV. Les résultats de notre étude montrent que ces filières présentent effectivement des caractéristiques pouvant favoriser la transmission du TBEV à l’Homme par voie alimentaire. Les pratiques d'élevage dans ces régions, caractérisées par un pâturage fréquent et une forte proximité des pâtures avec des zones boisées, favorables à la présence de tiques, exposent couramment les petits ruminants aux piqûres de tiques. La très grande majorité des éleveurs transforment directement leur lait en fromage au lait cru à la ferme, et vendent une grande quantité de fromages frais, les plus à risque de contenir du TBEV infectieux. Les produits sont vendus localement, ce sont donc principalement les consommateurs locaux (du département ou de la région) qui risquent de se contaminer par TBEV.