Numéro 53 Bulletin épidémiologique

Editorial

Les médicaments destinés à l’Homme sont, depuis quelques années maintenant, de plus en plus souvent remis en question quant à leur efficacité, mais aussi quant à leur utilisation. Parmi eux, les antibiotiques et les anticancéreux font, dans une certaine mesure, encore exception. Les médicaments destinés aux animaux, et en particulier les antibiotiques, peuvent aussi poser question, notamment quant à leursmodes d’administration ou à leurs usages, avec le risque que les résistances sélectionnées chez des bactéries d’origine animale puissent ensuite être transmises à l’Homme. Mais nous verrons dans ce numéro que ce risque de transmission existe dans les deux sens.
A l’occasion de la Journée européenne de l’antibiorésistance de 2012 paraît ce numéro spécial du Bulletin Epidémiologique, intitulé « Antibiotiques et Antibiorésistances ». Ce numéro aborde les différents aspects de la problématique, en parallèle chez l’animal et chez l’Homme. Simultanément paraît en novembre 2012 un numéro spécial du BEH (Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire) sur le même sujet, dont nous ne saurions que trop vous recommander la lecture.
La consommation des antibiotiques en médecine vétérinaire est longuement abordée dans le premier article, et celle enmédecine humaine est résumée dans le second (on se reportera au BEH pour lire l’article complet). Les systèmes de surveillance chez l’animal et chez l’Homme font l’objet de plusieurs articles, ainsi que certains aspects spécifiques des résistances (notamment chez Escherichia coli, Salmonella, Staphylococcus aureus) et de leurs transmissions Homme-animal ou animal-Homme.
Soucieux des usages, notamment enmédecine vétérinaire (voir les articles sur les usages dans les principales filières d’élevage en France), et de leurs possibles conséquences sur l’émergence et la dissémination de résistances à des molécules aujourd’hui en nombre limité, les pouvoirs publics ont mis en place en médecine humaine et en médecine vétérinaire, tant au niveau national qu’au niveau européen, des « Plans Antibiotiques » qui vous sont présentés ici.
On a longtemps cru que le coût biologique de la résistance était tel pour les bactéries qui les portent que, sitôt la pression de sélection disparue, sitôt disparaissait la résistance. C’est bien loin d’être toujours le cas. Un article fait le point sur cette problématique qui doit, à terme, compter dans l’analyse de risque.
Enfin le numéro se termine en abordant dans un article de synthèse le problème crucial des échanges Homme-animal et animal-Homme des bactéries résistantes aux antibiotiques. Documenter ces évènements, les analyser et peut-être un jour les modéliser est un enjeu et un challenge pour la prochaine décade.
Pour terminer, nous voulons remercier très chaleureusement tous les auteurs, les relecteurs et les membres du Comité de rédaction dédié à ce numéro (voir en dernière page) qui, sollicités, ont accepté de contribuer à ce numéro spécial, point de départ nous l’espérons d’une réflexion, d’une surveillance et d’une évaluation continue et sérieuse du problème zoonotique majeur que constitue la résistance aux antibiotiques.
Le comité de rédaction