Numéro 49 Bulletin épidémiologique
Editorial
La population des équidés présente, comparativement à d’autres espèces, des caractéristiques particulières. Cette population est hétérogène, elle rassemble des animaux de compagnie, des animaux de sport impliqués dans des compétitions régionales, nationales ou internationales et des animaux de « rente ».
Si l’identification individuelle des équidés est globalement accomplie, leur localisation géographique est difficile à appréhender pour une majorité d’entre eux, et est susceptible de se modifier en diverses occasions: compétitions, reproduction et loisirs. On observe une grande hétérogénéité et des implications sanitaires très différentes en fonction des utilisateurs, des structures d’accueil, des activités mais aussi en fonction des races. Ainsi il est possible de distinguer des filières (filières courses, pur-sang anglais et trotteur français, filières chevaux de sport et chevaux lourds…) possédant leurs propres réglementations et, pour les reproducteurs, des implications sanitaires différentes édictées dans les stud-books de chacune des races.
Les filières et les races sont structurées au sein d’associations professionnelles qui restent indépendantes, alors qu’il existe des interconnexions fortes au niveau des risques épidémiologiques pour de nombreuses maladies infectieuses, notamment en raison des possibilités de changement de filière pour un animal au cours de sa vie. Les épizooties d’artérite virale et de grippe identifiées ces dernières années ont démontré l’importance que présentent pour les professionnels de toutes ces filières les dispositifs globaux de surveillance épidémiologique.
C’est dans ce contexte et pour ces raisons que le Réseau d’épidémiosurveillance en pathologie équine (RESPE) a été fondé en 1999. Il a permis dès son origine de fournir une alerte précoce des émergences. Organisé en association, il fédère et structure depuis 2008 l’activité des vétérinaires et des professionnels et participe en complément à lamise enoeuvre de mesures de gestion puis de contrôle desmaladies surveillées non réglementées. La cellule de coordination sanitaire ou« cellule de crise » complète ce dispositif.
L’importante épidémie de Chikungunya à la Réunion en 2005 et l’incroyable épizootie de fièvre catarrhale ovine (FCO) qui sévit dans toute l’Europe depuis 2006 et plus récemment celle due au virus Schmallenberg ont porté les maladies à transmission vectorielle au sommet de l’actualité, maladies dont l’importance et/ou l’extension géographique ne cessent d’évoluer. Les chevaux peuvent en payer un lourd tribut. Rappelons simplement que l’épizootie à virus West Nile, qui est apparue en 1999 au nord-est des États-Unis a gagné en quelques années l’ensemble du territoire américain. En France, cette maladie a fait de régulières apparitions dans le sud depuis 2000 et sa progression en Europe est importante.
Mais d’autres maladies à transmission vectorielle, historiquement indigènes, peuvent également, de temps en temps, se rappeler à nous de façon dramatique. C’est le cas récemment pour l’anémie infectieuse des équidés dans les départements du Var et de l’Ardèche. Enfin, la remarquable adaptation des Culicoïdes locaux à l’orbivirus responsable de la FCO en Europe du Nord peut nous faire redouter l’apparition de la peste équine sur notre territoire.
C’est pourquoi, fort de l’analyse de la structure de la filière équine en France, des risques sanitaires auxquels elle est exposée, ce numéro spécial du Bulletin épidémiologique, santé animale et alimentation décrit la situation épidémiologique des principales maladies d’importance sanitaire et/ou économique des chevaux et aborde les systèmes de surveillance épidémiologique et la gestion des émergences des maladies non réglementées.
Le comité de rédaction